16 mars 2015

Il va me falloir du temps pour retrouver mes esprits après l’horreur que je viens de vivre avec ma douce Igritte. Elle devais mettre bas de 6 chatons. 6 merveilles attendues comme le messie, espérées, rêvées… La radio l’avait confirmé, les 6 étaient bien là.

Et pourtant. La mise bas a commencé tout à fait normalement, perte du bouchon muqueux, Igritte qui ne me lâche pas la grappe, accepte de rester dans le carton que je lui ai installé au salon pour pouvoir la veiller toute la nuit.

Le premier chaton est né au bout de quelques heures. Une petite fille cinnamon tortie, toute jolie, toute fluette, 75g, je n’ai jamais eu de chaton si léger. Mais surtout… Après la mésaventure de ma dernière portée, où une petite minette est née avec une fente palatine, j’ai pris le réflexe de vérifier la bouche. Malheur. Elle est fendue, une grosse fente qui laisse apparaitre les sinus, en gros je sais déjà qu’il n’y a rien à faire. Elle n’a que quelques secondes de vie mais elle est déjà condamnée. Je laisse Igritte la nettoyer, la sécher, la câliner avec tout l’amour d’une maman qui découvre son premier bébé. C’est tellement injuste.

Et puis ensuite, cafouillis. Mes enfants sentent sans doute une ambiance un peu tendue à la maison, ils ont du mal à s’endormir, je fais beaucoup d’aller retours entre les chambres et le salon, Igritte me suit à la trace, elle stresse. Je vois qu’un autre chaton est engagé, une poche dépasse, mais rien, plus une seule contraction. Ça dure jusque 1h du matin, où je me décide à filer chez le véto pour faire un contrôle et une injection d’ocytocine.  Rentrées à 3h (une autre urgence nous a fait patienter en salle d’attente), le chaton suivant est né dans la foulée. Un petit mâle cinnamon, tout fluet lui aussi. Mon premier geste, j’ouvre sa bouche. Je crois halluciner, il a une fente lui aussi. Je commence à entrevoir l’enfer de cette nuit qui ne fait que commencer.

Nouvelle pause, 2h passent, il est maintenant plus de 5h du mat, je commence à avoir un sacré mal de dos à force d’être dans la même position, en tailleurs devant le carton où Igritte se repose avec ses deux bébés condamnés. Entre temps je prend la peine de peser le 2e bébé, 70g, petite crevette à la voix toute aigüe, qui ne pourra jamais grandir ni jouer, j’ai envie de pleurer. Il faut néanmoins faire quelque chose, plus de 2h entre chaque chaton, ce n’est pas bon, d’autant qu’une nouvelle poche pointe depuis un moment mais Igritte ne pousse pas. La véto m’a confié 2 unités d’ocytocine à utiliser en cas de besoin, je décide d’en injecter une.

Dans les 2 minutes qui suivent, le 3e chaton nait. Mon espoir, un joli mâle roux. J’ouvre sa gueule les mains tremblantes, il est normal !! Pas de fente, il va bien, il crie, Igritte se dépêche de le laver. Je le pèse, 89g, enfin un poids correct. Allez c’est la fin des malheurs, la suite ira bien, je sens encore 3 bébés qui gigotent dans le bidon, on y croit !

Moins d’une heure après, bébé numéro 4 se pointe. Une merveille, une petite fille cinnamon tortie, toute ronde, avec une moitié de la face toute rousse. Mon dieu qu’elle est belle ! Igritte gère, elle la libère de sa poche, la nettoie, coupe le cordon, je la regarde faire comme une pro. J’en suis déjà sûre, celle ci ne quittera jamais la maison… J’ouvre sa bouche… Oui, elle ne quittera jamais la maison, mais pas pour les bonnes raisons. Elle non plus n’a pas de palais. J’ai juste envie de crier, de me cacher au fond d’un trou et ne plus en sortir, réveillez moi quand ce mauvais rêve sera fini.

4 heures passent sans rien, Igritte est épuisée, elle dort. Moi aussi je suis épuisée, mais hébétée devant le carton, je ne peux pas bouger. Thomas se lève, il voit ma tête et je ne suis même pas sûre d’avoir eu à lui demander de rester à la maison ce jour là, pour s’occuper des enfants. 11h, je décide de lui injecter la dernière dose d’ocytocine. Les chatons bougent encore dans son ventre mais j’ai quand même peur que ça fasse trop long pour eux.

Dans la foulée Igritte pousse, et les pattes qui apparaissent sont bleues, j’ai peur. Un beau rouquin nait, inanimé ou presque. Avant de faire quoi que ce soit, j’ouvre sa gueule. Il est fendu, je ne vais pas le réanimer, à quoi bon. Je l’enveloppe dans du sopalin et vais le poser loin, je n’ai pas le courage de le regarder s’éteindre.

Moins d’une heure après, le dernier chaton nait. Il est vif, il est cinnamon, et ce n’est même pas une surprise de voir qu’il a lui aussi tout le palais ouvert. Je laisse Igritte le laver comme les autres, je n’ai même pas la force de réfléchir ni de pleurer, je suis juste là sonnée. Les enfants sont réveillés, ils demandent mon attention comme tous les jours, j’installe Igritte et ses bébés dans la chambre, dans le nid préparé il y a des semaines.

Je reçois un appel joyeux du cabinet véto: « alors, on vient aux nouvelles… ». Je leur explique, ils me donnent rdv à 17h pour voir les bébés et faire le point. J’ai profité d’une petite pause repas d’Igritte pour aller vers le nid et lui prendre les 4 bébés condamnés, mais elle m’a grillée d’office. En revenant elle a bien vu qu’il lui restait un seul chaton, elle s’est directement dirigée vers moi en miaulant, et moi je me suis effondrée comme un caca. Je lui ai expliqué, je ne sais pas ce qu’elle a compris dans sa tête de petite chatte, mais elle est allée vers son bébé et je suis sortie de la chambre.

Le verdict de la véto a été très clair et tel que je m’y attendais: les chatons n’avaient même pas de quoi être opérés, pas d’os, pas de matière, rien à faire. Très certainement un soucis génétique lié à la lignée d’Ilvy, et que le mariage demi-frère/demie-soeur a révélé de manière explosive. On les a endormis. J’ai demandé à les récupérer pour les enterrer sous le mirabellier avec Galak et la petite bleue de l’an dernier.

Titi sera castré d’ici une grosse semaine, le rdv est déjà pris.

Et le petit survivant, qu’on a appelé Link, s’accroche comme un diable à la vie. Il a un sacré caractère déjà, en a marre que je le tripote pour lui vérifier la gueule, donc me crache dessus comme un petit fauve. Mais il ronronne aussi déjà en tétant, et se tortille sous les caresses. Il est adorable et parfait, tellement que je me demande quel miracle a pu l’épargner. J’ai un début d’idée, je vais lui faire faire un test génétique pour voir si à tout hasard… Willow mon petit rouquinou n’aurait pas réussi à marquer un but… ?

Espoir.

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